A présent que nous avons défini le lieu et les plants que nous souhaitons planter, il va falloir réaliser un plan de plantation. Nous concernant le plan contiendra uniquement les arbres de la canopée et certains grands arbustes. Les plants de tailles inférieurs, supportant plus l’ombre et ne créant pas d’ombre gênantes pour les arbres, seront plantés l’année suivante sans être tous notés sur le plan.
En effet, les arbres ayant une envergure importante et créant de l’ombre ne sont pas plantés au hasard. Voici quelques règles à respecter :
– Respecter les distances entre les arbres :
– afin qu’ils aient la place pour se développer
– que nous puissions récolter les fruits sans être gênés
– que les plants de tailles inférieures (arbustes, plantes grimpantes, couvre-sol, …) puissent recevoir le soleil nécessaire à leur bon développement.
– Éviter de rassembler et de coller côte à côte les mêmes arbres :
– En effet, séparer les arbres de la même espèce (les pommiers par exemple) permet de limiter la propagation des ravageurs et des maladies. Un arbre d’une autre espèce ne sera peut être pas attaqué par le ravageur ou par la maladie et donc limitera la propagation.
– En plus cela favorise une meilleure biodiversité.
– Faire attention aux arbres qui ne sont pas autofertiles :
– En effet les arbres qui ne sont pas autofertiles vont avoir besoin d’un arbre de la même espèce pour fructifier. Dans ce cas, il faudra que les arbres ne soient pas trop éloignés les uns des autres.
– Penser à ajouter des plants fixateurs d’azote (arbre, arbustes, couvre-sol).
– L’azote permet une meilleure fructification. Si vous ne prévoyez pas assez de fixateurs d’azote, il vous faudra certainement par la suite prévoir des intrants d’azote pour la bonne fructification de votre forêt-jardin.
– Prévoir les chemins principaux de récolte :
– Les chemins principaux de votre forêt comestible sont les chemins que vous entretiendrez (taille de branche, limitation de propagation des arbustes, …) le plus afin de pouvoir vous promener dans votre forêt et récolter la plupart des fruits.
– Les chemins secondaires, pour atteindre le restant de vos fruits, se dessineront naturellement.
– Recenser l’exposition préférentiel de vos plants (plein soleil, légère ombre, ombre importante, …) :
– Le livre de La forêt-jardin de Martin Crawford, contient une belle liste de plants avec un descriptif recensant par exemple l’exposition, la tolérance à l’ombre, le rendement, la fertilité, et beaucoup d’autres informations…
– Penser à prévoir la création d’une mare lorsque c’est possible :
– Celle-ci aidera au bon développement de la biodiversité en plus de vous créer une réserve d’eau en cas de besoin.
– Vous pouvez aussi songer à intégrer votre jardin en permaculture à votre forêt nourricière. Il faudra cependant veiller à ce que l’apport solaire soit suffisant pour le bon développement de vos légumes.
Voici la représentation d’une ombre portée d’un arbre de 20m. Dans notre cas, pour faire simple, on ne va s’occuper que de l’orientation sud. On remarque alors qu’un arbre de 20m aura une ombre de 53m en hiver. Pour ma part, je prend la hauteur de l’arbre et je la multiplie par 3 pour connaître son ombre portée en hiver. Par contre en été, l’ombre sera deux fois moins longue que la hauteur de l’arbre.
Mais comment je fais pour réussir à appliquer toutes ces règles ?
Je vous rassure la vie est faites de compromis, c’est pareil pour votre forêt-jardin. Au pire si vous faites des erreurs, vous pourrez toujours déplanter un arbre pour le replanter à un autre endroit.
Le plus important pour commencer votre plan est déjà de prendre le temps d’observer votre terrain et la course du soleil pour évaluer les ombres portées en été mais surtout en hiver. Il faudra en faire de même avec les courants d’air afin de créer des haies brise-vents et ainsi protéger vos plants et donc vos futures récoltes.
Exemple d’une haie brise-vents, un article y sera consacré plus tard
Ça y est, vous êtes prêts ? A vos crayons, ciseaux, compas…
Maintenant que nous avons défini, grâce au précédent article, la liste des plants on va faire du découpage…
Effectivement, il va falloir réaliser un plan à l’échelle de votre lieu de plantation. Pour ma part, j’ai réaliser mon plan du lieu de plantation sur du carton blanc (c’est plus solide). Mon lieu de plantation (une parcelle de luzerne) fait environ 100m*100m (soit 1 hectare), j’ai donc défini une échelle de 1cm = 1m sur mon plan. il m’a donc fallu un carton de 100cm*100cm minimum. En fait j’ai choisi un plan plus grand, afin de pouvoir y représenter les limites avec les champs voisins et les clôtures électriques qui passent pas très loin et également prévoir une éventuelle extension de ma forêt-jardin.
Lorsque c’est fait, il faut, pour chaque arbre de la canopée que l’on souhaite planter, découper un cercle à l’échelle représentatif de l’envergure finale de l’arbre adulte. Par exemple le figuier mesure 3 à 6m de haut et 2 à 4 m de diamètre. J’ai donc créé un cercle de 4cm de diamètre, car je préfère lui prévoir un peu plus de place, et au pire ça fera plus d’ensoleillement pour les arbustes autour.
Sur ce cercle, j’ai noté plusieurs informations qui me paraissent les plus importantes :
– Espèces : Figuier
– Variété : Brown Turkey
– Taille : 3 à 6m de haut et 2 à 4m de diamètre
– Exposition : Plein soleil
– Tolérance à l’ombre : Ne tolère pas l’ombre
– Fertilité : AF (Autofertile)
– J’ai colorié en vert les arbres fixateurs d’azote, ce qui me permet de les repérer facilement et de voir si il en manque à certains endroits.
Clairement cette étape prend beaucoup de temps, surtout quand comme nous vous avez 120 cercles à découper et à remplir…
A présent que vous avez usez vos compas, ciseaux et crayons, nous pouvons passer à la suite.
Dessin sur le plan et choix de la stratégie
Si, comme nous, vous souhaitez commercialiser vos fruits, il va falloir songer au type de vente que vous souhaitez faire :
– récolte par les clients
– récolte par vous mêmes
– vente à la ferme
– autre …
En effet la stratégie de plantation va s’adapter selon vos besoins. Par exemple, si vous récoltez vous mêmes les fruits, il ne sera peut-être pas judicieux d’avoir 2 poiriers se récoltant à la même période aux 2 extrémités de votre forêt.
Pour notre part, la vente se fera principalement par la cueillette directe des particuliers. Ce qui leurs permet de profiter de notre forêt-jardin et de choisir les fruits qu’ils veulent cueillir. Notre stratégie à donc été la suivante, nous avons essayé de regrouper les fruitiers par périodes de récolte (printemps, été, automne, hiver). Ainsi, les personnes n’auront pas besoin de parcourir toute la forêt lors de chaque récolte.
Nous avons tout d’abord dessiné le futur parking, le local qui nous servira à la fois de stockage pour les fruits et de le lieu d’accueil. Ensuite, nous avons dessiné les boucles en formes de pétales (nos chemins principaux) qui permettront aux personnes, selon les saisons, d’aller récolter les fruits et de revenir au lieu d’accueil pour le règlement.
Nous avons également ajouter l’emplacement d’une mare, afin de stocker l’eau et aider la biodiversité à se développer.
Plan installé dehors lors de la plantation
Mais comment commencer à placer les arbres de la canopée sur mon plan ?
Je n’ai qu’un conseil à vous donner, lancez-vous. En effet, l’idée est de placer ce plan à un endroit dans votre maison ou vous passez régulièrement, et lorsque vous en avez envie placez des arbres. Le principe est de pouvoir observer régulièrement ce plan et de modifier l’emplacement des arbres au fur et à mesure. Pour ma part, le plan était accroché au mur du salon avec les cercles à portée de main. J’ai du placer et déplacer les arbres pendant 2 à 3 mois avant d’être satisfait. J’ai même au moment de la plantation re-modifié l’emplacement de quelques arbres. Il n’y a pas de plan parfait, il faut juste prendre le temps d’y penser.
Pensez tout de même à placer les arbres les plus grands au Nord de votre terrain, ainsi l’ombre qu’ils créeront ne viendra pas perturber la fructification de vos plus petits arbres ou arbustes qui ont besoin de soleil pour être productifs.
Plusieurs photos zoomées de notre plan
Ça y est c’est la fin de la lecture. Cette partie était un peu longue, mais c’est l’une des plus importante. En effet, bien réfléchir à sa plantation et donc à son plan est primordial, d’autant plus lorsque vous souhaitez commercialiser les fruits. Donc prenez le temps et ne vous découragez pas, je vous promets que lorsque la plantation commence, la satisfaction et le plaisir sont au rendez-vous. Imaginez alors lorsque vous verrez les premiers bourgeons, les premières fleurs, les premières abeilles butiner, et que vous récolterez vos premiers fruits. Allez courage et plantez des arbres
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